Publié le 16/10/2023
L'empreinte carbone d'un produit (PCF, Product Carbon Footprint) désigne la quantité totale d'émissions de gaz à effet de serre émise dans l'atmosphère au cours du cycle de vie complet d'un produit (qui peut être un bien ou un service). Le cycle de vie d'un produit commence lorsque les matières premières sont obtenues ou lorsque les ressources naturelles sont générées, et se termine par le traitement de fin de vie du produit. Nous savons déjà que les secteurs de la fabrication et de la production représentent à eux seuls 25 % des émissions mondiales de carbone et consomment 54 % des sources d'énergies mondiales (World Economic Forum). Nous savons également que l'une des premières étapes "vers la réduction de l'empreinte carbone de l'industrie manufacturière consiste à comprendre le PCF" (WEF).
Mesurer l’empreinte carbone d’un produit fournit de nombreux avantages et tend à devenir obligatoire dans le monde entier. Cela signifie qu'il est nécessaire de quantifier l'empreinte carbone de vos produits, mais aussi de veiller à ce que ces mesures soient exactes. Pour ne citer que quelques exemples, des mesures inexactes peuvent entraîner des pénalités, une perte de temps et d'argent, ainsi qu'un manque de confiance de la part des consommateurs. Au cours des années 2000, les entreprises avaient pour objectif d’être en mesure de calculer l’empreinte carbone d’un produit. Maintenant que les entreprises avancent vers une économie plus sobre et bas carbone, il ne suffit plus de mesurer l’empreinte carbone d’un produit. Il faut prouver que celle-ci est exacte. Les ingénieurs et le grand public sont de plus en plus compétents dans ce domaine. Ainsi, les empreintes carbone des produits d’une entreprise sont scrutés.
Dans cet article, nous expliquons pourquoi vous devez améliorer la précision des mesures de votre empreinte carbone d’un produit et comment vous pouvez agir pour obtenir une meilleure précision dans ces calculs et ces rapports.
TABLE DES
MATIÈRES
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Pourquoi mesurer précisément l'empreinte carbone de vos produits ?
Une obligation en devenir
Dans le monde entier, l'obligation de déclarer les émissions de gaz à effet de serre (GES) s'est rapidement accrue. Cela inclut la déclaration des principaux contributeurs à ces émissions, tels que le cycle de vie des produits.
Dans le cadre de l'accélération des réglementations relatives à la valeur carbone des produits et des bilans carbone annuels globaux, pour les organisations et les entreprises, nous constatons également que les obligations de déclaration passent de données générales à des données plus précises. Jusqu'à présent, la norme consistait à effectuer des calculs par an pour les organisations, ou sur un certain échantillon de produits pour les analyses de cycle de vie. Mais ces méthodes tendent à masquer les variations saisonnières, notamment dans la teneur en carbone de l'électricité, et les aléas des marchés d'approvisionnement. La prochaine étape consiste donc à effectuer des mesures plus précises, jusqu'à la valeur en carbone de lots spécifiques.
Les différents lots auront des valeurs carbone différentes en fonction de multiples facteurs. Par exemple, si vous utilisez plus d'énergie solaire un jour, la valeur carbone du lot sera plus faible, en raison de l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. L'idée est que les producteurs devront à terme, mesurer les émissions de carbone en temps réel, puis utiliser ces données pour calculer une véritable valeur, qui pourra être attribuée à un produit. En d'autres termes, pour cibler plus précisément les mesures efficaces de réduction du carbone, il est nécessaire de calculer l'empreinte carbone en temps réel.
"Les informations publiées peuvent être difficiles à comparer d'une entreprise à l'autre, et les utilisateurs, tels que les investisseurs, doutent souvent de leur fiabilité.
Les problèmes de qualité des informations sur la durabilité ont des répercussions, en ce qu'ils privent les investisseurs d'une vue d'ensemble fiable des risques auxquels les entreprises sont exposées en matière de durabilité. Les investisseurs devraient être de mieux en mieux informés de l'impact des entreprises sur la population et l'environnement et de leurs projets pour réduire cet impact à l'avenir. Ces connaissances les aideront à se conformer aux obligations déclaratives auxquelles ils sont eux-mêmes soumis en vertu du règlement sur la publication d'informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR). De manière plus générale, pour que le marché des investissements verts soit crédible, les investisseurs doivent disposer d'informations sur l'incidence qu'ont les entreprises dans lesquelles ils investissent en matière de durabilité. Sans ces informations, il est impossible d'orienter les financements vers des activités respectueuses de l'environnement."
Commission européenne, Questions et réponses sur l'adoption des normes européennes d'information sur le développement durable.
Par exemple, la directive de l'Union européenne sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) obligera les entreprises à produire de tels rapports avec une précision suffisante pour l'exercice 2024 d'ici à 2025. L'UE a mis en œuvre cette directive parce ‘“qu'il est largement prouvé que les informations sur le développement durable que les entreprises communiquent actuellement ne sont pas suffisantes".
Améliorer la compétitivité
En disposant de mesures plus précises du bilan carbone de vos produits, il est plus facile d'identifier les domaines à améliorer et de réduire leur impact sur l'environnement. Par exemple, la conception des produits ou des équipements obsolètes peut être améliorée. L’efficacité énergétique améliorée et les optimisations, mises en place, peuvent être plus facilement prises en compte dans la mesure de l’empreinte carbone des produits. Les mesures peuvent-être perdues lorsque le score carbone est calculé à partir de données moyennes et moins spécifiques. En d'autres termes, lorsque des mesures de performance énergétique ont été mises en place, l'utilisation de données moins précises peut se traduire par une mesure de l'empreinte carbone des produits plus élevée qu'elle ne l'est en réalité.
Quels sont les trois scopes et comment s'intègrent-ils dans une feuille de route pour la décarbonisation ?
Maintenant que de nombreuses entreprises ont réussi à mesurer et à réduire leurs émissions des scopes 1 et 2, l'étape suivante consiste à travailler réellement sur les émissions du scope 3. L'une des premières mesures à prendre est de changer de fournisseur et de travailler avec ceux qui ont des émissions plus faibles dans les scopes 1 et 2. Certaines entreprises vont même jusqu'à financer la mise en œuvre d'un système de gestion et d'optimisation de l'énergie pour leurs fournisseurs afin qu'ils disposent des outils nécessaires pour réduire leurs propres émissions sur les scopes 1 et 2, et ainsi réduire les émissions du scope 3 de la société mère. Ceci est particulièrement important car, selon l’empreinte carbone des produits, les émissions du scope 3 représentent en moyenne 75 % des émissions de gaz à effet de serre d'une entreprise.
Tous ces éléments rendront votre entreprise plus compétitive si les organisations cherchent à réduire leurs émissions de carbone en choisissant des fournisseurs dont les lots sont plus durables. Même le protocole GES a déclaré qu'"en général, les entreprises devraient chercher à obtenir des fournisseurs des données d'activité ou des données sur les émissions qui soient aussi spécifiques que possible au produit acheté auprès du fournisseur".
En prenant de l'avance en tant que producteur, vous bénéficierez donc également d'un avantage concurrentiel sur le marché B2C. Pour vous donner une idée plus précise, selon McKinsey, les dépenses de consommation totales "représentent plus de 14 000 milliards de dollars par an et deux tiers du PIB des États-Unis".
Avantages pour les consommateurs finaux
Si ce sont généralement les grandes entreprises qui ont l'empreinte carbone la plus importante, les petites sociétés et les consommateurs ordinaires veulent aussi faire la différence. En disposant de données plus transparentes et plus précises sur les émissions de carbone des produits, les consommateurs peuvent prendre les décisions les plus éclairées pour réduire leur propre impact sur l'environnement. Aujourd'hui, les mesures de carbone pour les particuliers sont particulièrement abstraites et généralement inexactes.
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Comment améliorer la précision des mesures
Évaluez et affinez la qualité de vos données dès le départ
Si vous effectuez toutes vos mesures et tous vos calculs à l'aide de données de mauvaise qualité et qu'il y a une différence significative dans les estimations des émissions lorsque la qualité des données est améliorée, votre entreprise risque d'être obligée de recalculer les émissions de base à l'aide des nouvelles sources de données. Cela entraînerait une perte importante de ressources. Il est donc préférable de quantifier l'empreinte carbone de vos produits avec le plus haut niveau de précision dès le départ.
Le risque est particulièrement élevé pour les calculs du scope 3, pour lesquels les entreprises ont été obligées d'utiliser des données de mauvaise qualité en raison de leur manque de disponibilité. Par exemple, au lieu d'utiliser des données en temps réel qui mesurent la consommation à un niveau de granularité plus élevé et avec plus de précision, de nombreuses entreprises ont fait des estimations en utilisant des factures. Les lignes directrices du protocole GES précisent que les trois étapes de la collecte des données, de l'évaluation de leur qualité et de leur amélioration constituent un processus itératif. Lors de la sélection des sources de données, les entreprises doivent "d'abord appliquer des indicateurs de qualité des données et évaluer la qualité des données, puis examiner la qualité des données collectées, en utilisant la même approche d'évaluation de la qualité des données..."
En tant que fournisseur, par exemple, il est important d'améliorer la qualité et la transparence de vos données sur l'empreinte carbone, afin d'accroître la confiance de vos clients qui souhaitent réduire leurs propres calculs du scope 3.
Lors de l'amélioration de la qualité des données, les entreprises doivent accorder la priorité aux activités qui présentent les caractéristiques suivantes :
une mauvaise qualité des données
des émissions élevées
6 conseils pour économiser l'énergie dans l'industrie
Augmenter la proportion de données primaires
Les données primaires doivent être utilisées autant que possible lors de la quantification de l'empreinte carbone des produits. Il s'agit de données qui proviennent directement de vos activités. Contrairement aux données secondaires, également appelées "données indirectes", qui ne sont pas spécifiques à l'activité liée aux émissions de vos produits.
Par exemple, au lieu d'utiliser des approximations et des valeurs moyennes tirées des factures (données secondaires) pour mesurer l'impact carbone de votre produit, ce que font souvent les grands bilans carbone pour combler les lacunes en matière de données, des outils numériques peuvent être utilisés pour améliorer la précision (données primaires). Des solutions telles que l'EMOS peuvent aider les entreprises à collecter des données précises, en temps réel, relatives à la consommation d'énergie des activités.
Le protocole GES recommande vivement un ratio plus élevé entre les données primaires et les données secondaires, quelque soit le champ d'application : "Lors de la collecte des facteurs d'émission auprès des fournisseurs, il est recommandé que les entreprises demandent également des informations sur le rapport entre les données primaires et secondaires utilisées pour calculer le facteur d'émission. Ces informations permettront de savoir avec transparence quelle quantité de données primaires le fournisseur a utilisée pour calculer le facteur d'émission de son produit. À mesure que les fournisseurs deviennent plus précis dans leurs évaluations des GES, le pourcentage de données primaires utilisées pour calculer les facteurs d'émission de leurs produits est susceptible d'augmenter. La collecte d'informations sur le rapport entre les données primaires et secondaires permettra de mesurer et de suivre ce rapport dans le temps.
Données primaires et données secondaires : Quelle est la différence ?
“Les données primaires sur les activités peuvent être obtenues par des relevés de compteurs, des registres d'achats, des factures de services publics, des modèles d'ingénierie, une surveillance directe, un bilan de masse, une stœchiométrie ou d'autres méthodes permettant d'obtenir des données sur des activités spécifiques de la chaîne de valeur de l'entreprise.”
“Les données secondaires comprennent les données moyennes de l'industrie (provenant par exemple de bases de données publiées, de statistiques gouvernementales, d'études documentaires et d'associations industrielles), les données financières, les données de substitution et d'autres données génériques. Dans certains cas, les entreprises peuvent utiliser des données spécifiques d'une activité de la chaîne de valeur pour estimer les émissions d'une autre activité de la chaîne de valeur. Ce type de données (c'est-à-dire les données de substitution) est considéré comme des données secondaires, car elles ne sont pas spécifiques à l'activité dont les émissions sont calculées"
Source: Protocole GES, Corporate Value Chain Accounting : lProtocole GES, norme de comptabilisation et de déclaration de la chaîne de valeur des entreprises.
Utiliser les mesures dynamiques d'énergie pour obtenir des données en temps réel
Dans le contexte actuel de la transition énergétique, les changements se multiplient et il devient de plus en plus important de mesurer en temps réel les données relatives à l'impact carbone. Par exemple, nous avons récemment observé de grandes fluctuations dans la composition de chaque mix énergétique. En Europe, la dépendance à l'égard du pétrole et du gaz en provenance de Russie a diminué, et la part de l'énergie nucléaire a baissé en raison de la rénovation des centrales en France.
Cela signifie qu'en réalité, la valeur carbone d'un produit varie d'un jour à l'autre. Par exemple, si vous achetez de l'énergie sur le réseau ou si vous produisez votre propre énergie, le coût du carbone sera différent chaque jour. En effet, vous n’allez pas utiliser la même énergie d'un jour à l'autre. Un lot peut être produit à l'aide d'énergie verte un jour, mais pas l'autre. Il n'est plus possible d'obtenir des données précises sur ces changements en relevant le compteur avant et après la production d'un lot de produits. Ce contenu dynamique en carbone de l'électricité, et donc du produit final et augmentera à l'avenir en raison de la forte augmentation des énergies renouvelables dans le mix de production.
Auparavant, il suffisait de mesurer les données relatives aux émissions de carbone une fois par an, en raison de processus répétitifs et réguliers visant à mesurer la valeur carbone de chaque lot de produits, alimenté par le même fournisseur d'énergie. Aujourd'hui, ces calculs doivent être plus dynamiques. Cela nécessite un logiciel plus avancé, tel qu'un EMOS numérique, qui peut automatiquement collecter et importer les données énergétiques de votre produit, les données d'influence externes telles que les changements météorologiques et les informations sur votre mix énergétique. Ces outils peuvent également effectuer des calculs automatiques, tels que des informations sur l'atteinte des indicateurs clés de performance et des prévisions de consommation, qui peuvent vous aider à organiser vos processus et vos budgets, ainsi qu'à informer vos clients de la valeur carbone attendue de chaque lot. Des experts en numérisation sont également nécessaires pour la mise en œuvre de nouvelles procédures de quantification.
Opter pour des outils numériques
L'utilisation d'outils numériques ne permet pas seulement d'améliorer la précision de la quantification des émissions de GES des produits. Elle facilite également le processus. Cela vous permettra d'économiser de l'énergie, du temps et des ressources pour les investir dans d'autres domaines importants.
Par exemple, une solution de gestion et d'optimisation de l'énergie (EMOS) est une solution puissante qui peut automatiser et faciliter l'extraction de données énergétiques en temps réel, ainsi que faciliter les calculs. Les utilisateurs d'un EMOS peuvent programmer les calculs de manière à ce qu'ils soient effectués automatiquement en fonction des lots. Une telle solution permet également de centraliser toutes les données de manière à ce qu'elles soient facilement accessibles et compréhensibles. Ces avantages peuvent réduire le risque d'erreur humaine et justifier les calculs.
Souvent, la mise en place d'un EMOS externe s'accompagne de recommandations d'amélioration de la part d'experts, afin que les utilisateurs puissent sélectionner les données les plus pertinentes et savoir comment ils peuvent améliorer l'efficacité des processus.
Vous voulez savoir comment un EMOS peut vous aider à mesurer avec précision l'empreinte carbone de vos produits ?