Publié le 13/12/2022
Dans l’Union européenne, la directive Efficacité énergétique oblige les grandes entreprises à réaliser un audit énergétique tous les quatre ans. Or la méthodologie requise pour ces audits ainsi que la mise en œuvre des suivis et recommandations issue de ces audits plaident clairement en faveur de la digitalisation des systèmes et process industriels. En Italie particulièrement.
Cette évolution est également une occasion à saisir pour améliorer à long terme de nombreux aspects de l'activité des entreprises, tels que la réduction des coûts et des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de la collaboration dans les processus de gestion et de pilotage de la performance, et la facilitation de l'obtention de certifications telles que l’ISO 50001. Notre éclairage.
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Le contexte européen
Le principe de l’audit obligatoire a été prévu par la directive européenne 2012/27/UE relative à l’efficacité énergétique, puis retranscrit en droit national par chaque Etat membre. L’UE exige ainsi que toutes les grandes entreprises, soit les structures comptant plus de 250 salariés, réalisant plus de 43 millions d’euros de bilan et/ou un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros, fassent évaluer leurs usages et consommations énergétiques tous les 4 ans afin d’identifier les flux énergétiques et les potentiels d’améliorations de l’efficacité énergétique et d’en rendre compte.
Selon l’annexe 6 de la Directive, les audits énergétiques sont ainsi fondés sur :
Les données opérationnelles actualisées, mesurées et traçables concernant la consommation d’énergie et (pour l’électricité) les profils de charge,
Un examen détaillé du profil de consommation énergétique des bâtiments ou groupes de bâtiments, ainsi que des opérations ou installations industrielles, notamment le transport;
Une analyse du coût du cycle de vie (dans la mesure du possible) plutôt que sur de simples délais d'amortissement pour tenir compte des économies à long terme, des valeurs résiduelles des investissements à long terme et des taux d'actualisation;
Des calculs proportionnés et suffisamment représentatifs pour permettre de dresser une image fiable de la performance énergétique globale et de recenser de manière sûre les possibilités d'amélioration les plus significatives.
Et les données utilisées lors des audits énergétiques doivent pouvoir être conservées à des fins d'analyse historique et de suivi des performances.
Une base sur laquelle se sont ensuite construites les normes de la famille NF EN 16247, qui fournissent la méthodologie pour conduire un audit énergétique réglementaire, et qui ont été mises à jour en 2022.
Néanmoins, au-delà de ces grandes lignes, chaque État est libre de fixer des critères d’audit plus précis. Exceptions, professionnels et certifications requis, format de restitution… Autant de points qui sont déterminés dans chaque pays de l’UE et peuvent différer.
Comprendre le marché de l'énergie en Europe
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Une échéance très sensible en Italie
En Italie, la transcription nationale de la réglementation est beaucoup plus restrictive que dans d'autres pays. Contrairement à la France par exemple, le fait d’être certifié ISO 50 001 n’exempte pas les grandes entreprises de fournir un audit.
De plus, les professionnels habilités pour réaliser des audits énergétiques externes doivent être certifiés Experts en gestion de l’énergie (EGE).
En général, en Europe, on trouve la figure de l’Energy Auditor. Un organisme ou un professionnel qui dispose d’une certification de niveau technicien. En Italie, les exigences sont plus fortes et les EGE Freelance ou employés par des Energy Service Companies (ESCO) doivent justifier en moyenne d’un niveau ingénieur et de 5 ans d’expérience. Les entreprises obligées doivent s’assurer de faire faire l’audit par les experts certifiés, lesquels sont environ 3 000 en Italie à ce jour.
Ce haut niveau de qualification est d’autant plus nécessaire que l’organisme en charge de la collecte et de la gestion des audits énergétiques en Italie – l’ENEA (Agence nationale italienne pour les nouvelles technologies, l'énergie et le développement économique durable) – produit des guidelines très pointues sur les données techniques et objectifs à fournir, et sur le format de reporting souhaité.
"Elle exige notamment un niveau de détail très précis sur les KPI ainsi qu’une nécessaire comparaison des résultats avec les audits réalisés précédemment pour mise en évidence ou non des économies réalisées. Après quoi, toutes les entreprises doivent transmettre leur audit certifié selon un format imposé par l’ENEA via sa plateforme web avant le 5 décembre de l’année de réalisation de l’audit, date après laquelle elles sont automatiquement sanctionnées. Tout cela crée des contraintes techniques et organisationnelles fortes pour la réalisation de l’audit."
Ignace de Francqueville VP Energy, METRON.
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Collecte et structuration des données : la première réponse apportée par la digitalisation
Ainsi, dans tous les États européens et en Italie en particulier, l’audit énergétique appelle les entreprises à s’organiser pour répondre aux obligations légales mais aussi plus généralement mettre en place une gestion énergétique performante. Les feuilles de calcul Excel ne suffisent plus, sans parler du risque d'erreur plus élevé et des tâches répétitives qui peuvent être automatisées.
Les outils digitaux de management énergétique apportent une réelle réponse aux entreprises. Rappelons en effet que la collecte des données dispersées nécessaires à l’audit est complexe. Par ailleurs, la révision de la norme EN 16247 impose d’intégrer dans l’audit la dimension Sustainability, c’est-à-dire de traduire le mix énergétique et la consommation de chaque entreprise en tonnes équivalent CO2.
Et plus les exigences s’élèvent, plus les détails demandés sont fins, plus les explications à fournir doivent être argumentées. Cela appelle à suivre dynamiquement ses flux énergétiques, à disposer de données mesurées régulièrement et structurées avec une granularité fine, présentées de manière claire et visuelle. Ce qu’offre la digitalisation.
Mise en œuvre au moins un an avant un audit, la numérisation d’un système industriel va finalement permettre, le jour de l’évaluation du professionnel certifié pour l’audit, de simplifier l’extractions de données et leur analyse.
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Rendre opérationnels les résultats de l'audit : la deuxième réponse apportée par la digitalisation
De plus, si le fait de traduire les données nécessaires à l’audit permet de mieux se conformer aux exigences dans les temps impartis, traduire ensuite le dit audit sous forme digitale permet aussi d’en rendre les conclusions beaucoup plus opérationnelles. En effet, le bénéfice principal de l’audit tient d’abord à la qualification et à la quantification de la performance. On est alors en mesure de définir des KPI à suivre et des objectifs cibles pour finalement prioriser les actions. Or lorsque tout est intégré dans un système numérique, l’entreprise se voit en fait dotée d’un dispositif assez puissant d’aide à la décision.
Comprendre le rôle de la digitalisation dans l’industrie
Qui dit digitalisation dit en effet mesure des données en temps réel, c’est dire sur une base de temps similaire aux temps operationnels (la journée, l’heure, la minute), et analyse croisée de ces données pour manager et intervenir sur les flux d’énergie au regard des indicateurs de performance retenus.
Et si cette démarche de digitalisation n’a pas été entreprise en amont de l’audit, partir d’un audit pour digitaliser est un très bon point de départ. Cela va permettre aux entreprises et aux prestataires qui les accompagneront de prioriser les actions de digitalisation et d’en tirer des bénéfices très rapidement. Même sans aller jusqu’au pilotage automatique des systèmes énergétiques, l’aide à la décision fournie par les outils digitaux est sans conteste un levier puissant d’optimisation et d’amélioration.
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